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Alors que la crise liée au coronavirus s’intensifie, le paysage réglementaire et commercial poursuit son évolution rapide. Les provinces de l’Ontario et du Québec ont maintenant ordonné la fermeture obligatoire de tous les lieux de travail non essentiels au sein de leur territoire. À un seul jour d’avis, les entreprises doivent déterminer si leurs activités sont considérées comme étant un service essentiel et évaluer les conséquences de cette détermination. Aux États-Unis, certains États ont mis en œuvre des restrictions similaires. Les conseils d’administration et les équipes de direction doivent s’adapter et prendre des décisions stratégiques dans des circonstances sans précédent.
Un nombre important (et croissant) d’ordonnances ont été émises par les provinces et territoires dans la foulée de l’épidémie de COVID-19. La plupart des provinces ont décrété l’« état d’urgence », tandis que d’autres ont déclaré un « état d’urgence sanitaire » en vertu de leurs lois respectives. Plusieurs provinces ont interdit les grands rassemblements et émis des ordonnances de « distanciation sociale ». Certaines ont émis des décrets de fermeture des entreprises.
On constate une augmentation des mesures d’application visant à garantir le respect des lois et règlements. Le non-respect de ces ordonnances entraîne généralement des amendes (allant de 100 $ à 25 000 $, selon le territoire) et, dans certains cas, des peines d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à six mois ou un an. L’Ontario prévoit l’imposition des peines les plus sévères : le non-respect des décrets d’urgence est passible d’une amende maximale de 10 000 000 $ dans le cas d’une société et de 500 000 $ dans le cas d’un administrateur ou d’un dirigeant de société.
Le 23 mars 2020, les gouvernements de l’Ontario et du Québec ont annoncé qu’ils ordonneront la fermeture obligatoire de tous les « lieux de travail non essentiels » (« non prioritaires » au Québec) au plus tard le 24 mars à minuit. Ces décrets seront en vigueur pendant 14 jours en Ontario et 21 jours au Québec, avec la possibilité de prolonger les ordonnances en fonction de l’évolution de la situation.
Vous trouverez plus bas un résumé des services essentiels / prioritaires, selon les listes publiées sur les sites Web des gouvernements de l’Ontario et du Québec1. Les organisations doivent consulter les listes gouvernementales en vigueur au sein de chaque territoire pour déterminer si l’ensemble de leurs activités ou certains segments seulement sont visés par les ordonnances. Compte tenu des modifications déjà apportées aux listes, ainsi que des définitions et des exceptions détaillées qui y figurent, il est essentiel de consulter directement les listes.
Certaines provinces ont mis en œuvre des mesures de fermeture se limitant à certaines entreprises. Le Nouveau-Brunswick a ordonné que tous les commerces de détail cessent leurs activités, mais a prévu des exceptions pour les fournisseurs de produits jugés essentiels (principalement les pharmacies et les épiceries). L’Île-du-Prince-Édouard a récemment annoncé que seuls les services du secteur public qui sont jugés « essentiels » sont maintenus.
Le gouvernement fédéral met en place des mesures de contrôles frontaliers de plus en plus strictes. En ce qui concerne les contrôles récemment imposés aux frontières entre les États-Unis et le Canada, les autorités frontalières autorisent le « commerce » au sens large, tout en restreignant les voyages de loisirs et le tourisme. À ce jour, le commerce transfrontalier ne se limite pas aux échanges et aux services « essentiels ». Au Canada, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut ont mis en place des contrôles frontaliers qui restreignent les déplacements terrestres et aériens vers leurs territoires, tout en autorisant certains services essentiels et certaines catégories de travailleurs temporaires.
Les administrations municipales ont le pouvoir d’émettre des décrets similaires, mais il n’existe aucun répertoire central des ordonnances municipales, qu’il faudrait analyser dans le contexte de chaque municipalité. Les ordonnances municipales, lorsqu’elles sont invoquées, sont souvent éclipsées par des exigences provinciales plus strictes. À titre d’exemple, le maire de Vancouver, Kennedy Stewart, et le maire de Toronto, John Tory, ont décrété l’état d’urgence dans leur ville, le 19 mars et le 23 mars respectivement.
Au sein de nombreuses organisations, il existe un chevauchement des activités commerciales et des services. Ainsi, certains segments d’une entreprise sont tenus de cesser leurs activités en vertu des récentes ordonnances de fermeture et d’autres non. Ce contexte peut induire une certaine confusion et s’avérer complexe au moment de distinguer les entreprises et les travailleurs qui fournissent souvent des services dans les deux catégories. Lorsqu’une organisation est autorisée à rester ouverte parce qu’elle relève d’une ou de plusieurs des catégories de la liste des services essentiels, il convient d’évaluer s’il est raisonnable ou possible de cesser une partie de ses activités, mais pas la totalité, et si une telle fermeture partielle respecterait l’objectif sous-jacent des ordonnances de fermeture.
Il est important de faire la distinction entre un « service essentiel » aux fins des ordonnances de fermeture des entreprises (qui autorisent le fonctionnement d’un large éventail d’organisations) et d’autres désignations de services essentiels, plus étroites, en vertu d’autres législations ou décrets gouvernementaux. Dans ce dernier contexte, la désignation à titre de « service essentiel » peut entraîner la responsabilité d’assurer la disponibilité de ces services; il est possible que les entreprises n’aient pas le droit de refuser ou de limiter les services. Par exemple, l’Ontario a récemment émis un décret temporaire visant le secteur de la santé, qui a eu pour effet de déroger aux dispositions des conventions collectives applicables au personnel hospitalier. Si la Loi sur les mesures d’urgence fédérale est invoquée (c’est-à-dire lors d’une déclaration de sinistre), le gouvernement fédéral est alors habilité à faire intervenir des travailleurs qualifiés pour fournir des services essentiels. Il faut également prévoir des contestations et des conflits de travail dans l’éventualité où les travailleurs ne veulent pas fournir ces services (par exemple, s’ils estiment que leur propre santé et leur bien-être ne sont pas suffisamment protégés).
De nombreux gouvernements offrent aux organisations la possibilité de demander des éclaircissements sur la désignation des « services essentiels ». Les gouvernements de l’Ontario et du Québec ont indiqué qu’ils mettront en place un mécanisme et des ressources pour les demandes de renseignements concernant leurs ordonnances de fermeture des entreprises. Le gouvernement du Québec a déjà fait plusieurs ajouts à sa liste de « services prioritaires ». Les deux gouvernements remplissent leur rôle « en temps réel », et il existe peut-être des possibilités de communiquer avec les administrations par les voies appropriées pour recommander des changements aux décrets de fermeture.
Certaines lois autorisent expressément les entreprises et les particuliers visés par une ordonnance à demander une révision administrative, directement à l’administration qui a émis l’ordonnance. Dans certains territoires, il n’existe aucune disposition équivalente prévoyant la révision administrative d’une décision. Rien n’interdit à une partie concernée de demander une révision, même si la loi ne contient pas de mécanisme précis l’autorisant. Cependant, il est peu probable que cette demande de révision soit traitée rapidement, en raison de la conjoncture politique.
Il est possible de contester ces ordonnances devant les tribunaux, mais ceux-ci ont cessé leurs activités et ne traitent que les affaires urgentes. Ainsi, les probabilités de succès sont faibles, compte tenu du pouvoir discrétionnaire accordé aux autorités de la santé publique et aux élus en situation d’urgence.
Les entreprises sont avant tout soucieuses de protéger la santé et la sécurité de leurs travailleurs dans ce contexte très évolutif. En vertu de la législation provinciale sur la santé et la sécurité au travail, les employeurs ont l’obligation de veiller à ce que le milieu de travail réponde à certaines exigences en matière de santé et de sécurité et sont tenus de signaler tous les accidents qui se produisent sur le lieu de travail. Dans la plupart des provinces et territoires du Canada, la législation applicable en matière de santé et de sécurité au travail accorde au travailleur le droit de refuser un travail qu’il estime dangereux pour lui-même ou pour un autre travailleur.
Les risques relatifs à la COVID-19 peuvent donner lieu à des réclamations de la part des employés lorsque ceux qui continuent de travailler ne considèrent pas leur lieu de travail comme étant sûr. Les gouvernements ont clairement souligné que, pour les services essentiels, il convient d’assurer la distanciation sociale, le nettoyage et les pratiques de travail sécuritaires. Le recoupement entre les employés qui doivent travailler et ceux qui estiment que leur propre sécurité et leur bien-être sont menacés peut créer des dilemmes juridiques et moraux uniques pour les organisations.
Les organisations qui doivent composer avec une fermeture (qu’elle soit obligatoire ou volontaire) doivent rapidement évaluer les diverses répercussions sur leurs activités, ainsi que les mesures d’atténuation disponibles (consultez notre bulletin sur les questions incontournables pour les conseils d’administration et la direction ici [en anglais]). Voici quelques éléments :
Les conseils d’administration et les équipes de direction doivent demeurer à l’affût de l’évolution des exigences réglementaires, continuer à évaluer les répercussions et les risques connexes, et prendre des décisions stratégiques en temps réel.
Catégorie des activités et des services |
Essentiels en Ontario |
Prioritaires au Québec |
Services de santé essentiels et entreprises de fournitures médicales essentielles |
X |
X |
Résidences et soins à domicile pour aînés |
X |
X |
Pharmacies |
X |
X |
Services de transport, de logistique et postaux (y compris les services de transport privés) |
X |
X |
Banques et secteur financier (y compris les assurances et les marchés des capitaux) |
X |
X |
TI et télécommunications |
X |
X |
Production, approvisionnement, transport et distribution d’énergie |
X |
X |
Stations-service et réparations mécaniques de véhicules automobiles |
X |
X |
Production alimentaire et commerces de détail de denrées alimentaires (y compris les boissons) |
X |
X (sauf les grandes surfaces dans un centre commercial) |
Médias |
X |
X |
Restaurants (commande pour emporter et livraison seulement) |
X |
X |
Construction et services de maintenance et d’entretien (les catégories de services essentiels dans ces secteurs varient d’une province à l’autre) |
Construction « dans les secteurs industriel, commercial, institutionnel et résidentiel » |
Construction, entretien et exploitation des infrastructures publiques essentielles; services et corps de métiers pour des services de construction d’urgence |
Entreprises qui fournissent d’autres services essentiels ou assurent d’autres activités essentielles (selon la définition adoptée dans chaque province) |
X |
X |
Fabrication (les catégories de services de fabrication et de production essentiels varient d’une province à l’autre) |
Entreprises qui extraient et transforment des matériaux ou fabriquent et distribuent des biens, des produits et des équipements, y compris les entreprises qui fournissent des intrants à d’autres fabricants |
Alimentation et boissons; instruments médicaux; produits chimiques ; produits de santé; composants microélectriques; secteur de la défense; fabrication d'intrants ou de matières premières nécessaires à d’autres secteurs jugés essentiels |
Production d’alcool et de cannabis |
X |
X |
Vente au détail d’alcool et de cannabis |
X (détaillants autorisés) |
X (SAQ/SQDC seulement) |
Quincailleries |
X |
Seulement dans une grande surface hors centre commercial |
Concessionnaires automobiles |
X |
Non |
Services de gestion des déchets |
X |
X |
Ressources – produits forestiers, miniers et granulats |
X |
Complexes miniers et industriels (notamment le secteur de l’aluminium), qui doivent réduire au minimum leurs activités |
Entreprises qui appuient la gestion et la surveillance environnementale, sociétés de conseil en environnement et services professionnels connexes |
X |
Entreprises associées aux urgences environnementales |
_________________________
1 Ce sommaire ne présente pas toutes les catégories; pour une liste complète des entreprises et des services essentiels / prioritaires, visitez les sites Web des gouvernements de l’Ontario et du Québec.
2 « Toronto’s mayor declares state of emergency amid COVID-19 pandemic » (en anglais), CBC News.
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