Il n’y a pas si longtemps que l’IA générative a commencé à bouleverser le marché et à obliger les entreprises, les législateurs et les tribunaux à réfléchir rapidement à la manière de s’y adapter, de l’adopter et de la gérer. Et, alors même que nous absorbons encore cette onde de choc, l’IA réalise de nouvelles percées. La plus récente est l’IA agentive.
L’IA agentive désigne des systèmes d’intelligence artificielle capables de planifier et d’exécuter des tâches de façon autonome, de prendre des décisions et d’interagir avec divers systèmes afin d’atteindre des objectifs prédéfinis et précis. Elle s’appuie sur les formes antérieures d’IA, mais fait preuve d’une plus grande autonomie dans l’exécution des tâches pour lesquelles elle est conçue. Ce niveau d'autonomie est rendu possible grâce à l'architecture en boucle axée sur les objectifs que suit le modèle, de la perception au raisonnement et à l'action, lui permettant de s'autocorriger et d'apprendre de ses expériences.
À mesure que les services financiers intègrent de plus en plus cette technologie, nous présentons ci-dessous cinq questions que les conseillers juridiques des institutions financières devraient se poser.
Les cas d'utilisation de l'IA agentique varient d'une organisation à l'autre et évoluent constamment à mesure que la technologie se développe. Par conséquent, une question préliminaire importante pour les conseillers juridiques internes est de savoir si la valeur ajoutée de l’IA agentive justifie les coûts liés à son adoption et à sa mise en œuvre.
De façon générale, les principaux avantages de l’IA agentive, comparativement aux anciennes formes de systèmes d’IA basés sur des tâches, résident dans sa capacité à réagir à des circonstances dynamiques et évolutives ainsi qu’à interagir avec d’autres outils, plateformes et agents. Les institutions financières pourraient tirer profit de l’IA agentive dans l’exécution de plusieurs tâches :
Comme l’intérêt pour l’IA agentive ne cesse de croître, il est important que les conseillers juridiques internes soient au fait des tendances du secteur et des attentes des clients concernant la mise en œuvre de cette technologie. Les institutions financières pourraient constater une augmentation du nombre de clients qui utilisent – ou aimeraient utiliser – l’IA agentive pour simplifier leurs processus de services bancaires et d’investissement. Par exemple, des agents d’IA pourraient surveiller les soldes de comptes, transférer les fonds inutilisés dans des comptes à rendement plus élevé entre les cycles de facturation, puis s’assurer que les fonds nécessaires se trouvent dans le bon compte au moment du paiement des factures1. Les clients pourraient également recourir à l’IA agentive pour suivre leurs dépenses, appliquer des limites, effectuer des achats ou réserver des voyages.
Des fournisseurs de services de paiement, dont Visa, Mastercard et PayPal, ont annoncé récemment qu’ils prendront en charge les agents d’IA qui effectueront des paiements au nom de leurs clients2.
L’intérêt de l’IA agentive réside dans le fait qu’elle nécessite moins de surveillance que les autres formes d’intelligence artificielle. Cette surveillance réduite augmente toutefois les risques. Par exemple :
L’un des principes fondamentaux de la gouvernance responsable de l’IA est de veiller à ce qu’une personne qualifiée surveille l’utilisation de cette technologie. Dans un contexte où des agents d’IA exécutent des tâches de façon autonome, quel rôle les humains jouent-ils? Il s’agit pour l’instant d’une question ouverte pour les organismes de réglementation et les entreprises. Il est probable que les humains devront surveiller de près les activités de l’agent, passer en revue les étapes franchies à différents moments de la séquence de tâches, effectuer des audits réguliers et évaluer en permanence la performance de l’agent par rapport aux paramètres établis.
La question de savoir si ce degré de surveillance vaut l’investissement dans un système dit « autonome » doit être évaluée par chaque organisation, en fonction d’un outil donné et du cas d’utilisation (voir la question 1). Comme l’IA agentive en est à ses débuts, bon nombre de ces évaluations pourraient aboutir à une réponse négative pour le moment.
Afin de prendre en compte les nouveaux risques qui découlent de l’utilisation de l’IA agentive, les institutions financières doivent mettre à jour leurs stratégies de gouvernance des données, notamment en faisant ce qui suit :
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Cette publication se veut une discussion générale concernant certains développements juridiques ou de nature connexe et ne doit pas être interprétée comme étant un conseil juridique. Si vous avez besoin de conseils juridiques, c'est avec plaisir que nous discuterons les questions soulevées dans cette communication avec vous, dans le cadre de votre situation particulière.
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