Le 12 juin, le gouvernement de l’Ontario a publié L’énergie pour les générations à venir1, un plan énergétique intégré (PEI) qui établit une feuille de route sur 25 ans pour susciter la croissance et le développement économique de l’Ontario, conformément à sa vision d’un avenir énergétique abordable2. Priorisant l’abordabilité, la sûreté, la fiabilité et l’énergie propre, le PEI présente des actions et des investissements visant l’ensemble du système énergétique de l’Ontario, soit la production nucléaire et hydroélectrique, l’infrastructure du réseau, le gaz naturel, l’hydrogène, le captage du carbone, l’efficacité énergétique, les ressources énergétiques distribuées, les partenariats avec les communautés autochtones et les possibilités commerciales régionales et mondiales.
Le réseau électrique de l’Ontario est alimenté par un éventail de sources de production, l’énergie nucléaire et l’énergie hydroélectrique couvrant près de 75 % des besoins actuels en électricité de la province.
D’ici 2050, pour répondre à la forte demande d’électrification, l’Ontario pourrait devoir ajouter 17 800 MW en nouvelles capacités de production d’énergie nucléaire aux 12 000 MW3 de capacités déjà installées. Pour se préparer à ce scénario, la province étudie plusieurs projets d’expansion de sa production d’énergie nucléaire, notamment la remise en état des installations existantes, la construction à Darlington de petits réacteurs modulaires à l’échelle du réseau, l’agrandissement de la centrale nucléaire de Bruce et la planification préliminaire de nouvelles capacités de production d’énergie nucléaire à grande échelle à Wesleyville, l’emplacement actuel d’OPG à Port Hope.
L’hydroélectricité demeurera une source importante d’énergie propre en Ontario. Pour s’en assurer, la province a annoncé dans le PEI son intention de :
Le PEI, qui prévoit des investissements dans de nouvelles infrastructures de transport pour répondre à la demande croissante en électricité, confirme la mise en place d’un processus concurrentiel pour encadrer la sélection des transporteurs. Voici certaines initiatives notables en cours :
Il faudra aussi effectuer des investissements importants – de 103 à 120 milliards de dollars – pour étendre, moderniser et consolider le système de distribution en construisant certaines infrastructures, telles que des sous-stations et des transformateurs, et en mettant en place des outils numériques de gestion du réseau. Pour relever ces défis, le PEI encourage la consolidation au sein des distributeurs et la poursuite des efforts visant à renforcer la gouvernance, la responsabilité, le rendement et l’efficacité opérationnelle des services publics.
La province reste déterminée à réduire les coûts de raccordement au réseau. Un projet de règlement pour les clients raccordés au réseau de transport sera publié aux fins de consultation publique à l’été 2025 et pourrait être mis en œuvre plus tard dans l’année. La province continue également d’évaluer les options possibles pour les clients raccordés au réseau de distribution, lesquelles s’appuieront sur les changements apportés par la CEO, y compris les modifications récentes au code des systèmes de distribution pour soutenir les projets de développement immobilier, ainsi que les modifications publiées le 16 juin 2025 qui visent à répartir le coût des mises à niveau du réseau entre plusieurs utilisateurs, plutôt que de surcharger le premier client à se raccorder5.
L’Ontario prévoit d’investir 900 millions de dollars, soit près du triple de son montant d’investissement annuel historique, dans des programmes d’efficacité énergétique liés à l’électricité au cours des 12 prochaines années, afin d’aider les consommateurs à économiser et à réduire la demande de pointe de 3 000 MW et la consommation d’électricité de 18 TWh d’ici 2036. Il s’agit notamment de lancer de nouvelles initiatives telles que le Programme d’économies de rénovation domiciliaire, qui propose des incitations sur les thermopompes, les panneaux solaires sur le toit et des systèmes de stockage par batterie, ainsi que pour la rénovation des bâtiments afin d’en améliorer l’efficacité énergétique, le tout selon une approche à guichet unique (economisezlenergie.ca) pour offrir une expérience client bonifiée.
Dans le PEI, on indique que les ressources énergétiques distribuées (RED), par exemple les technologies de production locale, les batteries, les technologies domestiques intelligentes et les véhicules électriques, ont le potentiel de réduire les coûts, d’améliorer la résilience du réseau et de permettre aux consommateurs de participer au système énergétique, mais que des changements réglementaires sont nécessaires pour en tirer pleinement parti. Pour stimuler les investissements et soutenir l’adoption des RED, la SIERE concevra un programme de production locale afin d’obtenir, de manière concurrentielle, des ressources de production d’électricité à petite échelle. La CEO poursuivra ses efforts pour améliorer les processus d’évaluation, de compensation et de raccordement des RED, et étudiera de nouveaux modèles de recouvrement des coûts pour les investissements dans les RED ayant des bénéficiaires multiples.
Le PEI présente l’énoncé de la politique sur le gaz naturel de l’Ontario, qui précise que le gaz naturel restera un élément essentiel du portefeuille énergétique de l’Ontario pour stimuler la croissance économique, soutenir la résilience et la fiabilité du réseau, et assurer l’abordabilité de l’électricité, à l’heure où l’Ontario cherche à produire de l’énergie propre et à réduire les émissions en misant sur l’efficacité et l’électrification. Il souligne également le rôle potentiel de l’hydrogène et du captage du carbone dans la réduction des émissions dans les secteurs où l’électrification n’est pas possible au moment présent. Ces deux volets, qui sont actuellement en phase exploratoire, devraient recevoir un soutien législatif ou réglementaire, avec par exemple la Loi sur le stockage géologique de carbone. Si les technologies de captage du carbone se perfectionnent, il faudra mettre en place un réseau de pipelines de CO2 pour transporter le carbone de son point de captage à un lieu de séquestration, ou encore à son lieu d’utilisation dans le cadre de processus industriels ou agricoles.
Dans le PEI, la province affirme son soutien aux corridors énergétiques nationaux, y compris à la construction de pipelines pour le transport du gaz naturel et du pétrole brut qui passeraient sur le territoire ontarien.
Le plan établit plusieurs priorités en matière de planification intégrée :
La SIERE soutiendra financièrement les communautés autochtones pour leur permettre de contribuer aux processus de conception de l’approvisionnement et de participer aux activités connexes. Voici certains programmes récemment annoncés visant à favoriser la pleine participation des communautés autochtones :
La SIERE est chargée de demander aux provinces canadiennes voisines d’évaluer l’intérêt pour le commerce de l’électricité et les possibilités d’interconnexions d’ici le 31 octobre 20256. Le PEI indique également que l’Ontario cherche à accroître ses exportations vers le sud, « sous réserve de normalisation de nos relations commerciales » avec les États-Unis. Étant donné que la New York Independent System Operator et la Midcontinent Independent System Operator prévoient des carences dans l’offre à mesure que les vieilles centrales fonctionnant aux combustibles fossiles seront progressivement mises hors service, les exportations d’énergie propre de l’Ontario pourraient faire l’objet d’une demande accrue sur le marché dans les années à venir7. D’autres possibilités d’exportation sont mises en évidence, notamment le leadership mondial du Canada dans la production de petits réacteurs modulaires et d’isotopes médicaux8.
Des directives ministérielles ont été émises à l’intention de la SIERE et de la CEO, qui devront, au cours des 18 prochains mois, mettre en œuvre ces plans et suivre leurs progrès par rapport aux calendriers établis9. La SIERE et la CEO devront notamment améliorer la planification et la coordination, mais aussi évaluer leurs processus réglementaires dans le but d’accélérer le rythme et l’efficacité de l’élaboration des projets. La CEO et la SIERE doivent rendre compte de ces éléments d’ici la fin de l’année.
Le PEI met l’accent sur la Loi de 2025 sur les zones économiques spéciales, qui fait partie du projet de loi 5 récemment adopté10. À l’instar du projet de loi fédérale C-5, cette loi vise à simplifier la procédure d’approbation de projets importants sur le plan économique dans certains domaines. Le ministre du Développement économique, de la Création d’emplois et du Commerce peut ainsi désigner des zones économiques spéciales dans lesquelles des projets approuvés pourraient être accélérés en étant soustraits à l’application de certaines lois ou de certains règlements provinciaux ou municipaux (qui seront précisés par règlement). L’Ontario prévoit lancer l’initiative de coordination « Une seule équipe » visant à prioriser et à accélérer l’octroi des permis et des approbations pour les projets d’importance stratégique.
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