Le passage à une nouvelle administration aux États-Unis a entraîné un net changement de ton en matière de réglementation pour la Securities and Exchange Commission (SEC). Paul Atkins, qui a été nommé à la tête de la SEC par le président Trump le 29 avril, a annoncé les nouvelles priorités de l’agence, qui sont notamment d’assouplir la réglementation sur les cryptomonnaies, réduire ses engagements en matière de climat et de questions ESG et éviter d’utiliser des concepts juridiques « inédits » pour prendre des mesures contre des sociétés et d’autres participants au marché. Comme sous la première administration Trump, l’agence met l’accent sur la protection des investisseurs, la formation de capital et le maintien de marchés équitables, ordonnés et efficaces, avec un programme de mise en application visant des cas plus traditionnels de fraude en valeurs mobilières.
Le 20 janvier, le président Trump a publié le décret « Regulatory Freeze Pending Review », enjoignant aux agences fédérales de suspendre l’élaboration des règles non définitives, car elles feront l’objet d’un examen administratif. En réponse, la SEC a réduit le rythme de ses activités réglementaires et certaines de ses règles ont été suspendues, voire abandonnées (p. ex., la déclaration des informations liées aux changements climatiques et la réglementation sur les actifs numériques). L’exemple le plus marquant de cette réorientation s’est produit le 27 mars, lorsque la SEC a officiellement retiré sa défense des règles de déclaration des informations liées au climat de 2023 dans l’affaire State of Iowa v. SEC, en invoquant des préoccupations relatives aux coûts et à l’excès de réglementation, ce qui a effectivement mis un terme à la mise en œuvre de cette règle. Le 12 juin, la SEC a retiré 14 autres projets de règle publiés sous l’administration précédente1.
Dans ce contexte de gel réglementaire, la SEC s’est éloignée du processus formel d’élaboration des règles pour traiter de manière sélective certaines priorités en publiant des lignes directrices sur la communication d’information et des avis sans préjudice.
La première annonce majeure d’une nouvelle réglementation a eu lieu le 4 juin, lorsque la SEC a publié un document de réflexion sollicitant les commentaires du public sur la définition d’un « émetteur privé étranger » en vertu des lois américaines sur les valeurs mobilières5, qui détermine les sociétés non américaines pouvant se prévaloir de certaines dispenses aux obligations de communication d’information. Le document de réflexion vise surtout les sociétés chinoises qui sont inscrites auprès de la SEC en tant qu’émetteurs privés étrangers tout en utilisant des structures de constitution étrangères (Îles Caïmans/Îles Vierges britanniques), car ces sociétés, qui représentent depuis 2023 le territoire de constitution le plus courant pour les émetteurs privés étrangers inscrits auprès de la SEC, ne sont généralement cotées qu’aux États-Unis et ne sont pas soumises à une réglementation importante en matière de valeurs mobilières dans leur pays d’origine.
Bien que la SEC ait exprimé dans son document de réflexion son soutien général au régime d’information multinational (RIM) des États-Unis et du Canada, toute révision de la définition de la notion d’émetteur privé étranger pourrait avoir une incidence sur les émetteurs canadiens ayant le statut d’émetteur privé étranger, y compris ceux qui s’appuient sur le RIM. Torys suit de près ces développements et continuera à évaluer les implications potentielles pour les émetteurs privés étrangers, y compris les sociétés visées par le RIM (voir notre récent bulletin à ce sujet).
Le 26 juin, la SEC a organisé une table ronde afin d’examiner le caractère adéquat des exigences actuelles en matière de communication d’information sur la rémunération de la haute direction6 qui s’appliquent principalement aux sociétés assujetties américaines. Bien qu’aucune nouvelle règle n’ait encore été proposée, il semble probable qu’un projet de règle soit éventuellement présenté pour simplifier ces exigences que le président Atkins a qualifiées de « réglementation Frankenstein ».
Le président Atkins a indiqué en juin que la SEC a réduit ses effectifs de 15 %, et l’avenir nous dira quelle sera l’incidence de cette mesure sur l’élaboration des règles ainsi que sur le ton, le volume et la portée des commentaires de la SEC. Jusqu’à maintenant, la SEC a mené ses examens dans une large mesure conformément à la pratique antérieure, tant sur le plan procédural qu’en ce qui concerne le volume et le contenu des commentaires formulés. Si les grandes initiatives de réglementation restent en suspens, des efforts ciblés, tels que le récent document de réflexion sur la définition d’un émetteur privé étranger ou les possibles changements aux obligations liées à la communication d’information sur la rémunération de la haute direction, indiquent que des améliorations sélectives de la réglementation pourraient encore être apportées. Les émetteurs qui accèdent aux marchés financiers américains doivent donc s’attendre à une stabilité dans leurs obligations de base tout en tenant compte de l’évolution du programme réglementaire.
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